Alors que l'Italie confirme aujourd'hui le troisième décès sur son territoire lié au virus Covid19, de nombreux Corses font part de leur inquiétude quant à la gestion de la crise. Des mesures ont bien été instaurées par les autorités sanitaires. Mais pour certains, elles seraient insuffisantes.

Assise au volant de sa voiture, ses deux enfants installés à l'arrière, Nathalie attend patientement l'arrivée du ferry pour Livourne au port de Bastia. Les températures frôlent les 20 degrés, ce dimanche 23 février, mais ni la maman ni les enfants n'ont enlevé leurs gants. 

"C'est juste par mesure de précaution, sourit-elle. Je suis un peu germaphobe, alors à chaque fois qu'on prend le bateau ou l'avion, je les encourage à en porter. Surtout en ce moment, ça me rassure un peu."

Un peu plus loin, Daniele, son épouse et leurs enfants avouent avoir hésité avant de prendre le bateau. S'ils sont finalement ce dimanche bien du voyage, ils ne partent pas pour autant complètement sereins. "C'est un voyage qu'on avait réservé depuis longtemps, donc on a décidé d'y aller. Mais on a quand même quelques craintes, avec le virus..."
 

 

Plus de 77.000 personnes infectées


Ce virus qui inquiète Nathalie et Daniele, c'est le Covid-19. Cette souche de coronavirus, apparue en décembre 2019, a à ce jour infecté plus de 77.000 personnes, dont plus de 2400 mortellement. C'est en Chine, et notamment dans la province de Wuhan, épicentre du virus, que sont recensés la majeure partie des malades. Mais malgré les mesures de confinement mises en place par le pays, le virus a, depuis, franchit les frontières.

En Italie, notamment, l'inquiétude se fait grandissante : un dernier bilan dressé ce dimanche 23 février par le chef de la protection civile Angelo Borrelli porte à 132 le nombre de cas enregistrés, pour la majorité en Lombardie, et 3 décès. Et si à ce jour, aucun cas de contamination en Corse n'a été decelé, nombre d'insulaires manifestent leurs craintes et incertitudes quant à la gestion de la crise, de par la proximité de l'île avec l'Italie.
 

On nous demande s'il y a des mesures spécifiques, ce qu'on fait pour contrôler le problème


Ainsi, au port de Bastia, les agents de la Corsica Ferries, qui opère deux liaisons par jour entre la Corse et l'Italie, affirment ainsi être fréquemment interpellés "depuis deux, trois jours" à propos du coronavirus. "On nous demande s'il y a des mesures spécifiques, ce qu'on fait pour contrôler le problème". Pour l'heure, les actions sont avant tout informatives : les personnels ont été briefés sur le virus et ses symptômes, et l'attitude à adopter face à une suspiçion de passager contaminé.
 

Un protocole instauré en Corse


Des mesures préventives insuffisantes pour le docteur Antoine Grisoni. "Instaurer un contrôle des températures ne serait pas très difficile, et permettrait d'éviter que des voyageurs infectés débarquent sur le sol insulaire" estime-t-il.
 

Si le virus s'introduit en Corse, ce serait comme pour le Diamond Princess


D'autant plus que les risques de propagation de la maladie, si celle-ci venait à se déclarer en Corse, sont plus importants sur une île que sur un continent. "Si le virus s'introduit en Corse, ce serait comme pour le Diamond Princess", ce navire de croisière arrêté depuis plusieurs semaines aux larges dans un port du Japon après la contamination du Covid19 de plus de 400 passagers et membres d'équipage. 

Un protocole a bien été mis en place par l'Agence régionale de santé (ARS) de Corse. Le patient infecté serait ainsi transferé "dans l'établissement de santé de référence à l'hôpital de la Timone, à Marseille", explique Marie-Hélène Lecenne, directrice de l'ARS. Plus encore, plusieurs équipements spécifiques ont été préparés dans les hôpitaux insulaires, tels que des chambres d'isolement pour les patients infectés, des tenues spécifiques pour les soignants et des brancards anti-contamination pour évacuer les malades.
 
Mais pour Antoine Grisoni, "la mise en place d'un transfert à la Timone parait illusoire dans une situation où l'on recenserait de nombreux cas". "Un contrôle systématique des personnes arrivant sur l'île, au moins par un petit interrogatoire, permettrait d'enrayer les risques d'épidémie, qui, en Corse, serait très difficile à éradiquer".

Le médecin se veut cependant rassurant : "C'est une épidémie dont la dangerosité et la mortalité sont relativement faibles". La véritable inquiétude, estime-t-il, réside dans le déploiement du virus, qui se développe "d'une manière que nous n'avions au départ pas imaginé".
 
L'interview intégrale du médecin Antoine Grisoni :
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